Seul avec Marija

(à propos de l'auteur)

Cette page est en construction. Un nouveau roman à paraître bientôt... Patience!


Extrait:

"Libéré des griffes du péage et de l’agglomération parisienne, j’ai appuyé le pied sur l’accélérateur et un sourire m’est venu aux lèvres, un rire même, seul dans mon habitacle, croyant échapper à ma vie rangée, le volant serré entre les mains et la vision d’une route aux lignes blanches espacées m’aspirant vers le sud, 
le chaud, le rien en somme. 
Le rien à l’image de cette femme sans visage, sans corps, sans odeur, sans voix même, vers laquelle pourtant je fonçais, décidé, avec pour toute connaissance d’elle des bribes d’un récit de vie et de conversations 
échangées sur internet et son prénom, Marija, correspondant à son pseudonyme au go, 
jeu qu’elle personnalisait d’une façon si impersonnelle. 
De la vie ordonnée que j’avais faite mienne et dont les piliers, tant à la maison qu’au travail, avaient fini par former le socle d’un horizon que j’avais cru inébranlable et qui s’éloignait à présent dans mon rétroviseur, je rejoignais à vive allure une destination trouble que je ne connaissais guère, 
Banja Luka et son hôtel Bosna, où une chambre était réservée à mon nom deux nuits plus tard."


Avertissement de l'auteur au lecteur concernant le jeu de Go

Le roman à paraître raconte une histoire autour du jeu de Go. Fort ancien, ce jeu inventé en Chine a été perfectionné au Japon, puis en Corée, avant de partir à la conquête du monde. De nos jours, alors qu’il reste avant tout pratiqué en Asie, on le trouve également sur internet, où s’affrontent des passionnés de tous les horizons.

Des programmes informatiques consacrés au jeu de Go ont permis de démontrer la supériorité des machines sur les humains, malgré la résistance héroïque de ces derniers. On doit au joueur coréen Lee Sedol d’avoir accepté un combat contre un programme monstre nommé « Alpha Go » qui avait fait grand bruit dans la presse mondiale en 2016. Bien qu’ayant perdu le match, Lee Sedol a gagné une des parties qui restera pour l’Histoire, démontrant que l’imagination humaine a encore de beaux jours devant elle, même si la marche en avant de l’intelligence dite artificielle, au Go comme ailleurs, est inéluctable.

Le jeu de Go a fasciné bien des intellectuels, artistes, stratèges ou simples accrocs aux jeux, y compris en Europe. Des films, romans, outre les traités spécialisés, lui sont consacrés. S’il nous fallait en citer un seul en langue française, ce serait le « petit traité invitant à la découverte de l’art subtil du go », publié en 1969 chez Christian Bourgeois, écrit par trois esprits fins, lettrés et ludiques, Pierre Lusson, Georges Perec et Jacques Roubaud. Qu’on aille le lire !

Étant donné que le jeu de Go a été inventé en Chine, on peut se référer aux caractères chinois s’y référant pour en comprendre le sens. Le premier d’entre-eux, (wei), signifie plus ou moins « encercler », alors que le second, (qi), désigne un « jeu qui se joue sur un plateau ». « Weiqi » est ainsi un jeu qui se joue sur un plateau et qui consiste à encercler l’adversaire. La traduction dans les langues occidentales, résultant dans le mot « Go », utilisé en français comme en anglais par exemple, est dérivée du japonais, de même que le mot « goban » qui désigne le plateau sur lequel on joue.

Des pierres noires et blanches, parfois en jade ou coquillage, le plus souvent en plastique, sont posées à tour de rôle sur le goban par les deux joueurs qui s’affrontent. Une partie dure environ une heure, à moins que les joueurs ne décident d’y consacrer davantage de temps, ce qui est le cas lors de tournois, ou moins de temps, par exemple sur internet, où tout le monde est pressé.

En Asie, des joueurs professionnels forment l’élite d’un jeu très prisé et considéré comme raffiné. Ils sont en général fort bien payés, car des sponsors financent les compétitions en raison du prestige du jeu. Quelques rares joueurs occidentaux sont parvenus à devenir professionnels. Les professionnels, comme les amateurs, sont répartis selon un classement semblable à celui des arts martiaux, les premiers grades étant des « kyu », alors que les joueurs chevronnés ont des « dan ». Le classement le plus haut est 9 dan professionnel. Durant sa riche et longue histoire, ces maîtres ont formé la légende de cet « art subtil » dont parle le livre cité plus haut.

Car le jeu du Go, outre qu’il est réputé difficile, est aussi doté d’une dimension esthétique qui rend les pierres disposées sur le goban en fin de partie semblables à un tableau composé par les deux joueurs. Bien qu’il y ait forcément un vainqueur et un vaincu, les deux adversaires sont aussi des partenaires qui forment entre eux cette chose fugace qui est une partie de Go.

Ainsi, les personnages que l’on croisera dans notre histoire sont les acteurs, créateurs en plus d’être les joueurs de parties de Go. La relation qu’ils ou elles entretiennent avec le jeu est sans doute le véritable sujet du roman. Au point que l’on peut se demander si ce n’est pas le jeu de Go lui-même qui en est le personnage principal et si, l’air de rien, ce n’est pas lui qui encercle un à un celles et ceux qui croient pouvoir se l’approprier.

Pour le reste, il est question dans notre histoire de femmes et d’hommes, d’amour, de voyage, de découverte, de renoncements et d’espoirs, bref, de la vie, entre Paris et Banja Luka. Un roman où les personnages sont fictifs, toute ressemblance avec des personnes ayant existées étant forcément fortuite et involontaire. 

À part le jeu de Go, bien entendu.

Jean-Luc Oesch


L'auteur


Né au Locle (canton de Neuchâtel) en 1972, Jean-Luc Oesch termine son baccalauréat au Lycée Blaise Cendrars (la Chaux-de-Fonds), avant de poursuivre ses études à l’université de Lausanne, où il obtient en 1995 une Licence ès Sciences politiques, suivie en 1998 d'une Licence ès Lettres (Philosophie et littérature française - mémoire sur l’œuvre de Michel Foucault).

Pendant ses études, il se consacre à l’écriture en collaborant au journal des étudiants de l’UNIL, L’Auditoire, où il fonde une rubrique littéraire. Il obtient deux récompenses pour ses nouvelles: « La Spirale du Temps » (Prix littéraire de la commune de Vernier 1992) et « Les Deux Miroirs » (Prix littéraire de la Sorge, Lausanne, 1995).

Après ses études, il débute sa vie professionnelle en enseignant le français en Chine (École des langues étrangères de Nankin), puis travaille au sein de l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) en Croatie, au Kosovo et en Bosnie-et-Herzégovine. En 2007, il passe le concours diplomatique suisse et entre au Département des affaires étrangères (DFAE). Ses postes diplomatiques ont alterné entre Berne, Belgrade et Vienne. Il s’occupe à présent de la région de l’Asie de l’Est au DFAE à Berne.

Dans son temps libre, outre l’écriture, il est passioné par le jeu de go, qu’il a découvert en Chine; son niveau progresse modestement. L’étude de la langue chinoise occupe également beaucoup de ses loisirs.


La littérature l’a toujours accompagné, en particulier des auteurs comme Samuel Beckett, Georges Perec ou Jean Echenoz. Seul avec Marija est son premier roman.
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